Édito de Stéphane Raffalli, publié dans la Gazette d’Avril 2020
L’historique pandémie du Coronavirus covid-19 : faire face et préparer le jour d’après.
Un virus transmis à l’Homme au marché des animaux de Wuhan, une mégalopole chinoise de 11 millions d’habitants a terrassé la terre entière en quelques semaines nous renvoyant tous à l’abris dans nos grottes pour un temps indéterminé.
Qu’est-ce que cette crise inédite nous dit du monde dans lequel nous vivons ? Quel sera son impact sur nos vies ? Quelle sera notre clairvoyance après ce coup de semonce ? Serons-nous capables d’une profonde résilience ?
Cette pandémie foudroyante et planétaire nous rappelle que nous sommes vulnérables.
Nous le savions mais nous comptions sur l’organisation de notre société pour nous protéger. Cette catastrophe sanitaire sans précédent a révélé violemment ses failles.
Ainsi le Coronavirus apparaît tant dans ses causes que dans ses conséquences comme le grand révélateur des dysfonctionnements d’un système à bout de souffle.
D’abord, l’apparition de ce virus chez l’Homme est un effet collatéral de notre relation désastreuse à notre environnement : proximité entre animaux sauvages et domestiques, perturbation des écosystèmes, destruction des espèces et de la biodiversité, déforestation et bien sûr, réchauffement climatique.
Ensuite la propagation rapide, exponentielle et globale de ce microbe a pour origine la folle densité des flux aériens internationaux. La cartographie des principaux foyers infectieux épouse parfaitement celle des hub aéroportuaires.
De plus, la manière dont nos gouvernants se sont laissés déborder par le covid-19 met en lumière l’effrayante impréparation d’un service public de la santé en manque cruel de personnels, ruiné par des coupes claires budgétaires et aux ordres des dogmes économiques et financiers libéraux dominants depuis 40 ans.
Bien plus, le manque dramatique de masques, de tests, d’appareils respiratoires et de médicaments révèle notre absence de souveraineté nationale et européenne pour nos besoins vitaux en matière de sureté. Notre dépendance aux circuits commerciaux internationaux n’a jamais été sécurisée par des réseaux de solidarité réelle entre les États.
En outre, il est notable que cette infection, en plus des personnes âgées, tue surtout des individus atteints par des maladies chroniques souvent liées à nos modes de vie excessifs : mal bouffe, sédentarité, stress…
Enfin, après le mouvement des « gilets jaunes », ce fléau nous indique avec brutalité les inégalités de destin. Le Coronavirus est une maladie inégalitaire et pas simplement sur le plan physiologique, il s’agit d’inégalités entre les métiers, les professions, entre les confinés privilégiés et les confinés modestes, entre télétravailleurs et travailleurs au front.
Il y a peut-être quelque chose d’inconvenant à se projeter dans l’après crise alors que le personnel de santé, épuisé, est à pied d’œuvre, que des milliers de personnes sont dans la crainte de perdre leur emploi comme leurs revenus et que beaucoup de familles endeuillées ne peuvent même pas enterrer leurs morts.
Et pourtant, c’est bien dès maintenant qu’il s’agit de se mobiliser pour que la reprise économique, une fois la crise passée, ne ramène pas le même ancien régime.
Il va falloir faire monter au pouvoir une force politique et citoyenne capable après cette terrible épreuve de réinventer nos modes de production et de consommation pour une société plus sobre, plus durable, fondée sur l’éthique de la modération.
Nos dirigeants sont-ils prêts à présent, éclairés de cette funeste expérience, à révolutionner leur matrice intellectuelle ou devrons-nous combattre ceux qui vont nous raconter demain qu’il va falloir faire comme avant avec en embuscade les partisans bruns, rouges ou verts d’un pouvoir autoritaire et liberticide ?
Nos démocraties sont au défi de montrer qu’elles sont au moins aussi efficaces que les pays totalitaires tout en étant impeccables sur les libertés fondamentales d’un État de droit.
Pour l’heure, l’unité nationale est un impératif. Dans l’urgence de la tragique situation, remercions, encourageons et soutenons de façon indéfectible les milliers de femmes et d’hommes exposés qui, chaque jour, affrontent le danger depuis des semaines pour s’occuper de leurs prochains et nous assurer l’essentiel : les soins, l’alimentation, la salubrité et la sécurité – Médecins, infirmiers, soignants, pharmaciens, aides à domicile, ambulanciers en première ligne mais aussi, caissiers, manutentionnaires, livreurs, chauffeurs, routiers, éboueurs, postiers, policiers, pompiers et agents publics de l’État et des collectivités locales.
À Ris-Orangis, dès les premiers instants, les forces de notre « maison commune » se sont pleinement mobilisées dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire mis en place par le Gouvernement. Nos services vitaux sont actifs pour garantir une protection efficace notamment des plus fragiles depuis le début de la propagation du virus.
C’est toute notre commune fraternelle qui s’est mise spontanément en mouvement pour faire face : d’abord nos agents du service public municipal et intercommunal (préparation et portage à domicile des repas pour les personnes âgées dépendantes, soins à domicile, entretien des espaces extérieurs, aide aux familles par le centre communal d’action sociale, État civil, encadrement des enfants des professionnels de santé, service information et communication, Policiers, collecte des déchets, distribution de l’eau potable, réseau de bus TICE…) mais également nos bénévoles des associations caritatives (Secours populaire, Aides et secours ô Rissois, Boutique sociale), les salariés de nos établissements hospitaliers (Clinique Pasteur, Château Dranem, le Manoir, les Cheminots), nos commerçants de boutiques alimentaires et nos élu.es.
Ici, nous savons depuis longtemps que ce sont les organisations collectives qui prémunissent contre les vulnérabilités individuelles inhérentes à la condition humaine.
Restons unis pour agir.
Prenez soin de vous et des autres,
Restez chez vous,
Amitiés,
Stéphane Raffalli
Ville de Ris-Orangis