Au moment où j’écris cet éditorial, l’État, son gouvernement et le Parlement n’ont pas décidé le contenu définitif de la loi de finances pour l’année 2023.
Aussi, les communes et l’ensemble des collectivités locales de France ne savent-elles toujours pas si elles seront protégées de l’inflation exponentielle du coût des énergies subie en Europe. Avec les associations nationales représentatives des communes, nous avions pourtant suggéré un bouclier tarifaire financé par la taxation des superprofits des grandes entreprises et des grandes fortunes.
Pour rappel, à Ris-Orangis, nous consacrions jusqu’à aujourd’hui 1,3 million d’euros pour nous alimenter en gaz, électricité et chauffage urbain. Malgré l’adhésion à des groupements de commande intercommunaux à l’échelle francilienne et la mutualisation de nos achats, les tarifs vont exploser. Le SIPPEREC (syndicat pour l’électricité) et le SIGEIF (syndicat pour le gaz) nous annoncent des factures prévisionnelles, dès janvier prochain, très inquiétantes. Pour le gaz, le prix sera entre 200 € et 300 € du Mégawatt (MW), contre 17 € dans le cadre du précédent contrat. Pour l’électricité, il sera supérieur à 1 100 € du MW, contre 85 € avant la crise.
Notre budget de fonctionnement municipal, d’environ 36 millions d’euros, devra donc absorber une hausse de 3,5 à 4,5 millions d’euros.
Bien sûr, pour faire face, nous poursuivrons l’isolation de nos équipements publics et systématiserons le recours aux énergies renouvelables, à la fois moins coûteuses et plus écologiques, grâce notamment à nos puits de géothermie présents et à venir.
Bien sûr, nous continuerons à passer au crible chacune de nos dépenses, pour que 1 € déboursé soit 1 € utile aux Rissois.
Notre plan de sobriété énergétique commencé bien avant la guerre en Ukraine et notre permanent effort de gestion pour une maîtrise de nos charges ne suffiront pas. L’équation budgétaire restera insoluble si nous ne prenons pas des décisions à la mesure du contexte inédit.
C’est pourquoi, sans attendre des décisions nationales favorables très hypothétiques, je veux prendre, ici, trois engagements.
D’abord et avant tout, nous n’augmenterons pas l’impôt rissois pour compenser cette flambée des prix des énergies, car si l’inflation déstabilise les finances communales, elle impacte déjà fortement le budget des ménages et des familles. 2023 sera la 12e année consécutive sans hausse de notre fiscalité locale.
Ensuite, l’amplitude et la qualité de notre service public seront préservées. Dans une ville populaire comme la nôtre, chacun mesure l’importance de nos organisations collectives. Le Service public est un bien commun, un patrimoine essentiel au bénéfice de tous qu’il convient de conforter surtout en ces temps troublés.
Enfin, je veux dire aux nombreux citoyens engagés du monde associatif que le budget consacré à leurs activités et leurs projets sera cette année encore garanti. Les associations sont les prolongements naturels de notre action publique. Elles sont notre colonne vertébrale. Quel que soit le champ dans lequel elles agissent (éducation, culture, sport, citoyenneté, solidarité, écologie, santé…), elles nous permettent de nous tenir debout.
En conséquence, pour bâtir notre budget 2023 à l’équilibre, sans augmentation d’impôt tout en maintenant un niveau élevé de services publics et de subvention aux associations, il nous faudra diminuer le volume de nos investissements. Depuis 10 ans, ce sont près de 80 millions d’euros qui ont été investis par notre Municipalité, soit en moyenne 8 millions d’euros par an. Cet effort important sur la durée pour une commune de 30 000 habitants a engendré une dynamique positive et a convaincu d’autres acteurs publics et privés de choisir Ris-Orangis pour leurs propres investissements.
Nous verrons notamment, en 2023, la mise en fonctionnement du T12 express et du TZEN 4 (ex-ligne 402), l’exploitation d’un 3e puits de géothermie profonde, l’ouverture du chantier de la nouvelle galerie marchande au Moulin à vent, l’inauguration de notre nouvelle médiathèque Queneau, la livraison du nouveau gymnase Albert-Camus, l’ouverture de trois nouveaux cabinets médicaux et leurs développements, la réactivation d’un port industriel sur le secteur Sogeros au bord du fleuve, les premières pierres du campus Grand Paris Sport, avec sa clinique médecine du sport et les Staps de l’université d’Évry-Paris Saclay.
En plafonnant cette année notre investissement municipal à 4 millions d’euros, nous choisirions la solution la moins dommageable au moment où notre commune bénéficie d’autres financements. De cette façon, nous pourrions éviter le chaos budgétaire annoncé. Si l’État et son gouvernement s’obstinent à ne pas organiser la solidarité nationale pour protéger les communes contre les effets inflationnistes et dévastateurs de la crise énergétique, voilà le cadre budgétaire, financier et fiscal que je proposerais au vote de notre Conseil municipal au 1er trimestre 2023.
Stéphane RAFFALLI