Dès le début des débats parlementaires, Stéphane Raffalli, Maire de Ris-Orangis, signa avec 250 élus (Députés, sénateurs, élus régionaux, départementaux, maires et conseillers municipaux), la tribune ci-après contre la privatisation du fleuron de notre économie que constitue la société de gestion des aéroports de Paris (ADP).
Vous trouverez également ci-jointe la motion de soutien au référendum d’initiative partagée (RIP) concernant la privatisation d’ADP présentée lors de notre conseil municipal du jeudi 23 mai 2019.
Tribune Le Parisien (Edition du 10 mars 2019)
Consultez l’article dans son intégralité sur le site Le Parisien.
«Nous demandons solennellement de renoncer à privatiser les Aéroports de Paris (ADP).
Aucun des arguments produits depuis des semaines par le gouvernement n’aura été suffisamment fort pour nous convaincre du bien-fondé de cette privatisation. Elle est un non-sens économique autant qu’une erreur stratégique, il faut y renoncer.
ADP est en plein développement, premier exploitant mondial d’aéroports, l’entreprise accueillera près de 120 millions de visiteurs à l’horizon 2022 en France, le cours de son action a crû de 160 % en cinq ans, son taux de 7 % de profit lui permet de générer pour l’Etat 175 millions d’euros (M€) de dividendes, en constante progression.
Des dividendes qui pourraient être consacrés au financement de l’innovation, mais qui iront dans les poches d’investisseurs privés. Le montage financier que le gouvernement envisage, lui-même, confine à l’absurde : l’Etat indemnisera les actionnaires minoritaires en début de concession pour plusieurs centaines de millions d’euros et devra racheter les actifs d’ADP en fin de concession pour plusieurs milliards !
Tout indique, malgré les dénégations des ministres, que la concession envisagée pour soixante-dix ans sera en vérité perpétuelle, sous peine d’une opération financière catastrophique pour les contribuables français.
ADP, pourtant, n’est pas une entreprise comme les autres. C’est un service public d’intérêt national, un monopole naturel, une frontière extérieure stratégique, un outil de souveraineté, un fleuron du patrimoine national, un leader mondial. ADP est aménageur, exploitant et développeur ; cette société dispose de 6 680 ha de terrains, sans équivalent en Europe.
C’est une entreprise placée au cœur des intérêts stratégiques de la France, au centre des projets d’aménagement de la région francilienne et des départements concernés (pour Charles-de-Gaulle : Val-d’Oise, Seine-Saint-Denis et Seine-et-Marne ; pour Orly : Val-de-Marne et Essonne), la ligne 17 du métro du Grand Paris, Cœur-d’Orly et ses 15 ha de quartier d’affaires avec sa plate-forme multimodale.
C’est aussi le premier pôle d’emploi francilien. Demain, la régulation a minima du service public aéroportuaire ne permettra plus à l’Etat de jouer son rôle et de peser sur la stratégie de l’entreprise, qui pourrait bien, dès lors, se tourner vers des investissements plus rémunérateurs dans le commerce ou dans l’immobilier, réduire son implication dans les projets d’intérêt général et se tourner vers l’international…
Et que dire du risque d’atteindre les intérêts stratégiques d’Air France dont Roissy est le hub européen ? Ou encore de la pérennité des dessertes depuis Paris des aéroports de province ? À Londres, privatisé, l’aéroport d’Heathrow a sacrifié les liaisons locales…
Ces arguments sont d’autant mieux connus que nous sommes instruits, d’une part, de la privatisation des autoroutes et de ses conséquences pour notre pays : des milliards perdus pour les contribuables français, augmentations tarifaires, sous-investissement ; et, d’autre part, de la privatisation de l’aéroport de Toulouse-Blagnac, véritable catastrophe de l’avis même de la Cour des comptes. Les enjeux sont considérables.
À ceux de sécurité et de souveraineté s’ajoutent des enjeux régionaux tels que la maîtrise du foncier, l’emploi ou l’environnement. Voilà pourquoi il n’est quasiment pas de grands aéroports internationaux qui ne soient propriétés d’une collectivité publique et que même les Etats-Unis se sont toujours refusés à franchir le cap.
Voilà pourquoi, l’Assemblée nationale ne saurait engager l’intérêt supérieur de la nation dans ce projet aventureux. Voilà pourquoi il faut renoncer à la privatisation des Aéroports de Paris.»